Fraternités

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Résumé

Né en 1948, Yvan Travert passe son enfance dans cet univers sombre et lumineux, sculpté par le vent et bercé par les récits de voyage, qu’est le Cotentin. Retour de grande pêche, retour de guerre, mémoire perdue des grands transatlantiques… Avec à perte de vue, les longues vallées de sable qui évoquent les steppes d’Asie centrale aux âmes voyageuses. Il n’a pas vingt ans lorsqu’il part chez les Surmas, en Ethiopie.
Du Guizhou au Myanmar, de l’Argentine au Tchad, de Londres à Alger, il ne cessera jamais de partir. Voyageur solitaire, et écho privilégié de milliers de petits mondes silencieux, il pourrait être un autre « homme aux semelles de vent », s’il ne portait en lui ce désir d’écoute et de dialogue qui fait le véritable passeur d’image. Reporter-photographe depuis plus de quarante ans, il revisite aujourd’hui son travail en toute liberté, en particulier en noir et blanc.

Livre écrit par

TRAVERT, Yvan

Détails

ISBN : 978-2-35074-255-7Date de parution : 05/2013Poids : 0.944kgDimensions : 24.5x32.5cmPages : 96Livre illustré

Extrait

MARCHE DOUCEMENT SUR LA TERRE

« Dans ce monde trop souvent obscurci d’amertume et de peur j’avais rêvé de chemins de lumière, pour dérober des parcelles de beauté étrangères ». Voilà plus de quarante ans  qu’Yvan Travert voyage loin des routes toutes tracées. C’est pour nous un formidable témoin de la modernité. Il a souvent regretté d’être né trop tard, dans un monde trop connu, et trop bien cartographié. Mais ces quarante dernières années ont sans doute vu plus de changements que plusieurs siècles précédents. Ses photographies sans artifice se font l’écho de ces petits changements qui ont bouleversé nos vies. Une route goudronnée dans un espace vide, un homme qui porte un vieux bonnet de tirailleur désormais inutile, un téléphone portable qui s’accommode d’un costume traditionnel lisu (Chine), un gardien de Harem devant une case (vide ?)…

Panaït Istrati aimait à dire qu’il « n’aimait pas la liberté », mais qu’« il aimait les hommes libres ». Aurait-il aimé ce début de siècle ? Rien n’est moins sûr, tant les espaces de liberté paraissent se réduire à peau de chagrin, entre privatisation croissante des lieux publics, et procédures de circulation de plus en plus contraignantes. Quant au nomadisme, n’en déplaise à certains, il a bel et bien un pied dans la tombe, tant son essence même est éloignée de l’économie moderne, et du cadre international. Le cosmopolitisme, enfin, semble avoir cédé le pas à une sous-culture hégémonique, homogénéisante et laminante. L’altérité ne revêt plus alors souvent que le visage folklorisé de tel ou tel peuple, à mi-chemin entre « le bon sauvage » (il serait meilleur et plus authentique que les autres), et le chaînon manquant (il serait une sorte d’oublié de l’âge de pierre).

Que reste t-il de la différence ? Nous n’apprécions plus alors la différence pour ce qu’elle est, mais parce qu’elle participe à une sorte de réenchantement d’un monde désormais sans mystère. Par suite, c’est se réenchanter soi-même : de la poussière d’étoile, dans un regard aveugle. Le photographe a bien sûr la tentation de l’exotisme, tant il  apprécie les formes, et les couleurs, le beau, ou l’inédit. Mais il ne peut franchir le pas d’en faire une qualité, ni même un défaut. Il n’en retient que l’étrangeté et la curiosité. Pour Yvan, l’exotisme, c’est la caricature de l’altérité, voire le début du mépris, car autrui cesse d’être mon égal. On sent chez Yvan le chagrin d’une perte, un certain doute. Chaque peuple qui disparaît ou qui se dissout dans la culture mondialisée, lui semble autant de mondes perdus dont nous devrions porter le deuil. Mais le regard reste ouvert, attentif et ne cesse d’espérer…

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