Nouvelles de Cuba

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Résumé

Aux portes de l’Amérique du Nord et de l’Amérique du Sud, Cuba incarne à elle seule cinq cents ans d’histoire, d’expéditions, voire d’errances occidentales. Depuis Christophe Colomb qui, le 28 octobre 1492, croit parvenir en Chine du Sud et fait savoir à tous qu’enfin arrivé sur la «terre ferme du commencement de la route des Indes», prélude de la colonisation espagnole longue de quatre cents ans, en passant par la proclamation de la république en 1902 qui ouvre un demi-siècle de domination américaine où se mêlent argent, alcool, drogue, sexe et tous les trafics de la pègre, jusqu’à la révolution de 1959 sous forte influence soviétique, l’histoire de cette île singulière est chargée de lourds parfums de violence.
Ce terreau-là, on le sait pour les pays qui eurent à subir le joug communiste, est incroyablement fertile pour la littérature. Liberté d’expression muselée et absence d’un marché du livre digne de ce nom créent les conditions d’une littérature sans concessions. Les nouvelles des six auteurs réunis dans ce volume de la collection «Miniatures» portent les traces de cette histoire mouvementée, marquée par les dictatures.
A cheval sur les XXe et XXIe siècles, sur place ou en exil, elles sont toutes traversées par une immense aspiration à la liberté.

Collection

Miniatures

Détails

ISBN : 978-2-35074-372-1Date de parution : 02/2016Poids : 0.16kgDimensions : 13x20cmPages : 142

Extrait

Ils s’étaient échappés de la république bananière de San Pancracio. Originaires de ce territoire insignifiant placé sur la trajectoire des ouragans, ils étaient unis par un autre indicateur : ils n’avaient connu pour tout gouvernement que celui de la sinistre famille et, à son sommet, La Momie, qui, à cent ans révolus, avait enterré tous ses collaborateurs y compris leurs propres enfants. La moitié des Pancraciens ou presque avait pris, par des voies diverses et secrètes, le chemin de l’exode. Cet exil n’était plus la pépinière militante qu’il avait été quelques décennies plus tôt, comme à l’époque où un beau jeune homme devenu une personne très âgée et encombrante était la figure de proue du marxisme dans le Tiers-Monde. Rien de tout cela ! Les Pancraciens qui s’étaient échappés cinquante ans après cette geste à demi effacée de la mémoire collective, détestaient secrètement La Momie, mais ils évitaient de la mentionner et de penser à elle. Ils allaient et venaient entre la république bananière et le pays où ils vivaient avec la même indifférence que pour se rendre à leur cours de gym ou chez l’esthéticienne du quartier. Si La Momie pouvait se vanter d’une chose, c’était que par fatigue, inertie voire autoprotection, ses crimes les plus abjects, son pouvoir hégémonique, la destruction d’un peuple et tout ce que son gouvernement interminable avait de malsain et néfaste, était tombé dans l’oubli.

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