Depuis le jour où les Jésuites avaient pu mettre le pied dans le Céleste Empire, ils avaient travaillé, par tous les moyens au pouvoir, à rassembler des documents de tout genre sur cette immense contrée, qui n’était connue, avant eux, que d’après les récits merveilleux de Marco Polo. Bien que la Chine soit la patrie de la stagnation et que les mœurs y demeurent constamment les mêmes, trop d’événements s’étaient passés pour qu’on ne désirât pas être renseigné d’une manière plus précise sur un pays avec lequel l’Europe pouvait entamer des relations avantageuses. Les résultats des recherches des pères de la Compagnie de Jésus, qui jusqu’alors avaient été publiés dans le recueil précieux des Lettres édifiantes, furent réunis, révisés, augmentés par un de leurs plus zélés représentants, par le père Du Halde. Le lecteur n’attend pas, sans doute, que nous résumions ce travail immense ; un volume n’y suffirait pas, et d’ailleurs les renseignements que nous possédons aujourd’hui sont bien plus complets que ceux que l’on doit à la patience et à la critique éclairée du père Du Halde, qui composa le premier ouvrage sur le Céleste Empire.