Résumé
Hommage à celui qui «lisait et parlait khmer (mais) s’en cachait» par modestie, cet ouvrage préfacé par Vann Molyvann (1926-2017), architecte et ancien ministre cambodgien, dit l’importance de l’homme. Architecte de formation et pionnier de l’archéologie par sa carrière, Henri Marchal est aussi devenu Khmer de coeur. A partir du carnet manuscrit de Marchal, Isabelle Poujol, Christophe Pottier, Olivier de Bernon, Eric Bourdonneau et Lucie Labbé, membres et chercheurs de l’école française d’Extrême-Orient, ont reconstitué le parcours exceptionnel de cet homme, son long séjour au Cambodge, et son patient retour en France à la veille de la Seconde Guerre mondiale.
Arrivé en Indochine en 1904, Henri Marchal, architecte formé aux Beaux-Arts, a consacré sa vie à la découverte et la restauration des temples d’Angkor au Cambodge. Et c’est à Angkor qu’il s’est éteint en 1970, à la veille de l’arrivée des Khmers rouges. Lorsqu’il prend sa retraite officielle en 1939, Henri Marchal et sa femme Mary décident de profiter des escales du bateau qui les ramène en France pour découvrir la Thaïlande, la Birmanie, l’Inde, Ceylan, l’Égypte, la Grèce… Après six mois de pérégrination, ils arrivent à Marseille au début de la Seconde Guerre mondiale qu’ils passeront dans la maison familiale de Meudon-Bellevue, où Mary décèdera en 1944. L’Asie lui manque, et dès 1947, il est de retour à Angkor où l’École française d’Extrême-Orient le rappelle : l’effondrement d’une galerie du célèbre temple d’Angkor Vat constitue une urgence majeure, et les architectes disponibles sont rares dans une France en pleine reconstruction. Malgré la situation politique troublée au Cambodge et ses 71 ans, Henri Marchal accueille cette proposition avec enthousiasme. « Je fus ravi d’avoir l’occasion de m’occuper des vieilles pierres dont, pendant si longtemps, j’avais eu la responsabilité. » Son retour au Cambodge l’enchante, il décidera d’ailleurs de ne plus quitter son pays d’adoption et d’y finir sa vie auprès de sa famille khmère.